RAYMOND
DOMENECH, gagner un match en France après six
nuls, cela doit faire du bien ?
R.D. : On est toujours dans
une évolution de notre jeu, l'objectif restant
la qualification (au Mondial 2006). C'est bien d'avoir
gagné parce que cela met en confiance, cela
confirme certaines choses, on a marqué des
buts, avec du jeu. Mais on a fait des matches, contre
la Suède (1-1 en février) ou la Pologne
(0-0 en novembre), où on avait aussi eu du
jeu mais où il avait manqué ce brin
de réussite, qui vient avec la confiance.
Les sifflets du public à
votre encontre et les "Pires, Pires" scandés
par les spectateurs messins ont-ils gâché
votre plaisir ?
R.D. : Les gens qui me connaissent
savent cela n'a strictement aucune influence sur moi.
Mais je trouve que c'était humiliant, décevant
pour les joueurs. On a le droit de ne pas être
d'accord. Mais, nous, on va en province pour trouver
un public qui soutienne son équipe. Et là,
on se retrouve, au bout d'un quart d'heure, alors
qu'on jouait bien et qu'on menait 1 à 0, avec
des spectateurs qui réclament d'autres joueurs
qui ne sont pas sur le terrain !
Je trouve que c'est humiliant
pour ceux qui sont sur le terrain. On est supporteur
de l'équipe de France ou d'un joueur, il faut
choisir son camp. Nous, quand on va faire des matches
comme ça, c'est pour trouver un vrai public.
On l'a eu dans les cinq dernières minutes,
ça a chauffé, il y a eu du bruit. Merci
au public pour ces cinq dernières minutes.
Quand il a encouragé l'équipe, il y
avait une ambiance extraordinaire, cela faisait plus
de bruit qu'au Stade de France...
L'attitude du public peut-il
nuire au joueur concerné ?
R.D. : Vous voulez me faire
dire que parce que des joueurs ont été
bien mardi, les autres ne peuvent pas revenir ? Mais
je ne sais pas ce qui va se passer en deux mois. Je
ne sais pas qui va être en état, qui
va changer de club... Je le répète,
écrivez-le: la porte reste ouverte à
tout le monde, il n'y a pas de liste noire.
La saison se termine, quel bilan
en faites-vous ?
R.D. : Au niveau comptable, c'est comme si on partait
à zéro (en qualifications). On est tous
à égalité. On va faire un mini-tournoi
à quatre matches. Rien n'est hypothéqué.
On repart à zéro, mais avec dix matches
derrière nous, avec un peu plus de maturité,
d'expérience. Pour arriver à trouver
un équilibre, il faut une dizaine, une quinzaine
de matches. On est parti de pas grand-chose, parce
que tout a été bousculé - et
j'en suis un peu responsable - mais on évolue,
on avance. Le bilan se fera à la fin, mais
on est bien mieux qu'au départ.
Quel a été le
match le plus accompli des Bleus ?
R.D. : Pour moi, le plus intéressant a été
celui en Israël (1-1, le 30 mars). Jusqu'à
l'exclusion (de Trezeguet), et même après,
il y avait une maîtrise totale du jeu, de l'atmosphère.
Il n'y a eu que trois situations dangereuses où
on a souffert. C'était le match d'une équipe
solide, qui peut voyager.
Samedi, vous serez à
Dublin pour Eire-Israël, qui oppose deux de vos
rivaux du Groupe 4. Une partie de l'avenir des Bleus
se jouera-t-elle là-bas ?
R.D. : Non, on aura la chance de rejouer les Irlandais
(en septembre) et les Suisses (en octobre). Le résultat
le plus mauvais pour nous, ce serait qu'Israël
gagne, parce qu'on ne les jouera plus. |